La jeune apprentie sorcière
Elle s'est égarée dans mes histoires.
"Mais que fais-tu donc là?" lui dis-je. " Retourne donc dans les contes de Colette ou Machka, il est trop tôt, je veux dormir".
Elle me regarde en fronçant le nez, l'air buté, un peu blessée.
"C'est la nuit de la pleine lune..." Commence-t-elle.
"Et alors laisse-moi donc dormir"
"C'est la nuit où les sorcières se rassemblent pour la grande ronde des sortilèges, balivernes et farfadets..." Continue-t-elle.
Soupir.
"Sais-tu comment on fabrique l'eau de lune et à quoi elle sert?"
Elle prend son air important et poursuit; "On met de l'eau de source dans un récipient que l'on expose toute une nuit sous les rayons de la lune, mais uniquement les nuits de pleine lune... Elle me regarde et poursuit. "mais il faut retirer le récipient avant le lever du soleil, sinon ce n'est plus une eau de lune..."
"Bon d'accord, tu as gagné, je me lève".
"Bon d'accord, tu as gagné, je me lève".
Le jour aussi, il fait disparaître la nuit. Et la petite apprentie sorcière joyeuse se retourne pour me faire un pied de nez.
Et je vois, l'effrontée se carapater.
Ecrit le 06 Juillet 2015 par BLANDINE BAURUEL
Violine
Elle était née dans une violette à la différence
de la plupart de ses congénères qui naissent dans une rose. Non, que toutes les
fées voient le jour systématiquement dans la belle odorante. Il y a celles qui
sortent des tulipes, d’autres des camélias, d’autres encore des lotus, du
muguet et bien d’autres fleurs encore. Mais tout cela reste anachronique.
Son nom est Violine. Elle est un peu fragile
mais remplie de délicatesse devenue légendaire. C’était sans compter d’une
force insoupçonnée, celle d’être née sous le vieux chêne, vous savez …là-bas au
loin… du côté de la Jarousse. Sans
qu’elle le sache, Violine a infusé aussi un peu de sa sagesse. Ce chêne
assurément est le maître de ces lieux. De par sa condition, elle se sent
différente et bien seule, oubliée…
Les fées Rosine la regardent avec dédain. Elle
est triste. Un jour donc, Violine prend sa besace et part loin, loin, loin.
Elle voyage de montagnes en plaines, de plaines en mers…Au cours de ses
pérégrinations, elle rencontre Ondine, la fée des eaux qui lui dévoile des
secrets, Igor le vieux sylphe qui lui insuffle le courage, Amicor, un humain,
eh !oui ! Qui l’aide à purifier son cœur, ses énergies, fée Tartine qui lui redonne la joie. Ainsi, au
fil de ses voyages, elle se fait moult amis, elle ne se sent plus seule.
Puis un jour, elle décide de revenir auprès des
fées Rosine et cie…Elles ne la reconnaissent pas. Elle a tellement
grandi ! Elle embaume son passage d’un discret mais tenace parfum. Celles
qui lui tournaient le dos sont heureuses de la voir et finissent par faire une
grande ronde de toutes les couleurs, de toutes les différences. Elles forment
toutes une immense bulle d’unité, irisée, dorée, mordorée qui s’élève dans le
ciel étoilé juste au-dessus du vieux chêne sacré.
Ecrit le 28 Juin
2015 par BLANDINE BAURUEL
La grenouille verte
Il était
une grenouille verte qui sautait de nénuphars en nénuphars. Elle était espiègle
et joyeuse et ne ratait pas une occasion de faire des bêtises. Si elle voyait
au travers de l’eau limpide de la rivière un poisson : plouf ! Elle
sautait dessus et criait « crôa, crôa » avec mille éclaboussures.
Cela la faisait rire. Il faut dire que c’était une grenouille pleine d’énergie
et de vie. Mais cela ne faisait pas l’affaire des poissons qui s’enfuyaient en
faisant de grosses bulles. Elle, justement trouvait drôle de faire grommeler
les poissons trop sérieux et bougons. Parfois, elle faisait la course avec les
truites mais elles filaient si vite, si vite qu’elle ne pouvait pas les
rattraper et la grenouille de sauter sur un nénuphar. Alors elle se mit à
regarder. Que voit-elle ? Et se dit « tiens qu’elle est cette
chose bizarre qui se reflète dans l’eau et qui bouge en même temps
qu’elle ? »Elle y met sa patte, pourtant il n’y a
personne. « Farce de farce de farce, c’est la fée de l’eau qui me
joue des tours ». Papa grenouille passant par-là vint s’asseoir à côté de la folâtre écervelée verte. Et la
jeune grenouille de voir deux grenouilles dans l’eau dont une ressemble
étrangement à son papa. Elle regarde son papa puis l’eau mais cela voudrait-il
dire que c’est moi que je vois dans l’eau. « Farce de farce, c’est la
fée de l’eau qui nous joue des tours ». « Je ne peux pas être et dans
l’eau et ici. Je sais qui je suis ». Et la voilà repartie sauter
allègrement et jouer avec les libellules. Cette petite grenouille qui était
plus sage qu’il n’y paraissait.
Ecrit en Février 2015 par BLANDINE BAURUEL
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